jeudi 11 octobre 2012

I want you to know, girly so groovy


Il est un endroit non-loin de notre université que l’on appelle La Place, tout simplement parce que s’en est une. On ne pourrait faire plus simple : un carré de béton, des gradins, un petit kiosque et un grand magasin juste en face. Y’a quelques éléments en plus comme des fontaines qui sortent du sol ou des sculptures contemporaines qui ressemblent à rien mais je voudrais pas faire ma belle.

Cette place est un lieu de passage quotidien et obligatoire. Il faut dire qu’il est rare qu’on s’y assoit sans que rien ne se passe.

Tout d’abord, elle est un lieu privilégié pour l’observation de la faune séoulienne. Les premiers dans la ligne de mire sont les ados qui shufflent de 19 à 23h sans que papa-maman ne disent rien. D’abord j’aime bien les regarder parce qu’ils dansent et que moi, si on danse (bien) devant moi, c’est un peu comme si on m’offrait une tartine de Nutella. Je suis très envieuse de leur flexibilité, leur rythme et leur souffle. Non parce que bon, j’ai essayé moi aussi le tournage-croisé de jambes-ça-fait-ressort-je-me-relève-comme-si-de-rien-n’était. Maintenant j’ai mal aux cuisses dès que je bouge. Après, ils sont marrants parce qu’ils sont le reflet de n’importe quel ado dans le monde : ils crient, ils crachent par terre, les filles font les belles qu’elles en peuvent plus, ils courent partout… C’est beau la jeunesse.

Il y a aussi des couples. Un peu trop à mon goût mais il n’est pas possible de les exterminer. Enfin, pas tout de suite. Comme je l’ai dit et redit, le couple est chiant parce que trop parfait. Du moins, sur cette place. Parce que dans la vraie vie, celle de quand tu rentres dans ta maison, c’est peut-être pas tous les jours bouquet de fleurs-tête callée sur l’épaule-j’époussette le banc avant que tu t’assois-mangeons des nouilles et du popcorn en nous regardant dans les yeux. En attendant, ils nous font chier à être amoureux et à transpirer le bonheur. Surtout quand on voit un jeune homme mignon comme tout, tout seul et qui soudain se fait rejoindre par une femme mi-thon, mi-veau. Transpirer l’amour de toute façon ça pue.

Il y a aussi (et heureusement pour ma santé mentale) toutes ces personnes lambda qui passent sans s’arrêter et que nous critiquons avec grand plaisir. C’est pas ma faute si j’ai lu quelque part que critiquer aide à oublier le stress… Y’a des vieux dégueulasses qui te regardent comme un morceau de beefsteak en période de crise, ces fameuses filles qui n’en sont pas vraiment, des enfants qui jouent, un chat qui porte un tshirt rasta…

Sur cette place, tous les mercredi, il y a un petit groupe de 2 jeunes hommes qui viennent installer guitare, tam-tam et xylophone pendant une heure en reprenant d'une voix suave (oh oui) des chansons coréennes que nous ne connaissons pas mais LALALA, c’est universel, ça va, on peut suivre. Figurez-vous que ces amateurs ont déjà des groupies. Elles sont toutes devant à chanter en chœur, à prendre des photos et à leur offrir des boissons. Et nous on est derrière dans l’ombre et on secoue la tête avec effarement et honte pour elles. Il y avait aussi un autre groupe mais depuis qu’on a décidé qu’un de ces soirs on devrait leur parler, ils n’ont plus réapparu. Bizarre.

C’est aussi sur cette place que j’ai vu l’Homme de Ma Vie. Travailleur en t-shirt vert fluo, les cuisses saillantes, les cheveux toujours bien en place, transpirant sous le dur labeur, je ne pouvais le louper. Bon, lui m’a complètement zappé mais on s’en fout, le coup de foudre ne peut pas toujours être réciproque, on n’est pas chez Jane Austen, merde ! C’est aussi ce soir-là que Mathilde vu l’Homme de Sa Vie, monsieur aux yeux aussi noir que son bonnet en laine, attendant on ne sait qui. Et puis ils sont partis. Et on les reverra jamais. Sauf si on est vraiment chez Jane Austen et que le destin en décide autrement.


Il se passe vraiment toujours quelque chose sur cette place, c'est fou.

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