Je vous épargnerais bien la phrase bateau du genre « Qu’est-ce
qu’il fait froid ici » parce que vous allez me répondre « Bah chez
nous aussi, on est en hiver ma cocotte » et j’ai pas envie qu’on m’appelle
comme une poule. Mais en même temps, je suis ici pour raconter ma life et le
froid, ça en fait partie à 100%.
Un peu de géographie, mes amis. On n’est pas si loin de la
Sibérie, donc on subit son vent glacial et ses températures de ouf. Et même en
enfilant les couches, je meurs un peu à chaque sortie. Les sorties sont donc
très limitées, je vous l’ai déjà dit. Après les musées et les centres commerciaux,
que faire pour éviter de se prendre -12° dans la gueule ? Faire le tour d’une
ligne de métro sans s’arrêter. J’imagine vos regards interloqués, genre « c’est
bon, celle-là, elle est bonne pour la chambre capitonnée, on l’a perdue ».
Mais en fait quand on y réfléchit, c’est une très bonne idée. Déjà, t’es assis
(si t’es pas assis, je vois pas l’intérêt, tu te fatigues pour rien), tu es au
chaud, tu vois passer du monde et tu peux critiquer tout à ton aise. Bon, c’est
sûr, on fera pas ça tous les jours mais de temps en temps, quand t’as la flemme
de te lever parce que c’est ton arrêt, un petit tour de plus ne fait pas de
mal. En plus, les sièges sont chauffés.
En parlant de critiquer, faudrait peut-être que je me calme.
Non, je déconne. Même les résolutions du Nouvel An j’y arriverais mieux. C’est
juste qu’il faut que je fasse attention et que j’arrête de me dire que personne
ne parle français dans ce pays. Un jour, je vais me faire assommer, je vais
rien comprendre à la vie. Voyez-vous, la dernière fois, nous étions à la guest
house de mon amie mademoiselle Bérénice qui est venu passer Noel se peler le
cul avec nous, où nous avions des discussions de filles (certes un peu bizarre)
quand tout à coup, nous entendîmes une voix masculine s’élever à côté de nous :
« Vous savez ce que c’est le mot de passe pour la Wi-Fi ? ». Le
tout en français. J’ai pas osé me retourner, tout ce qu’on avait dit pendant qu’il
était là m’est revenu à l’esprit, j’ai cru mourir de honte. Mais au lieu de ça, j’ai
rigolé très fort pour masquer mon embarras. Heureusement qu’on n’avait rien
dit sur lui. Pour une fois qu'on n'avait pas une langue de pute...
Des endroits pour critiquer et avoir chaud, il en reste un autre.
Le bar Fly. Le fameux, l’incontournable, que dis-je, le fantastique bar où tu
peux danser toute la nuit (donc tu as chaud) et où tu vois tous les spécimens
improbables de Séoul (donc tu critiques). Dernièrement, j’ai eu droit au gros
monsieur américain au pull ancestral et au vieil asiatique à la raie au milieu
qui sont gentiment venu me tenir compagnie un instant. Par contre les autres
avec leurs casquettes et bonnets là, les Hommes de Nos Vies même s’ils le
savent toujours pas, ils se contentent de danser eux et ils viennent pas !
Ils doivent avoir trop froid….